Clara Neumann
Conception de l’identité visuelle d’une semaine d’action pour le développement du Leonhardsvorstadt à Stuttgart, organisée par le collectif d’architectes-urbanistes Studio Malta. Avec un programme dense comprenant ateliers et débats mais aussi événements culturels et musicaux, l’objectif de cette semaine était de sensibiliser et d’inclure autant que possible les habitants dans les premiers moments d’une réflexion à long terme sur le devenir humain et urbain de leur quartier. Différentes populations et différentes architectures s’y rencontrent : maisons traditionnelles du sud de l’Allemagne et bâtiments en béton de l’après-guerre. À partir d’une interprétation dessinée libre de la silhouette singulière du quartier, l’identité visuelle proposée ouvre une porte vers l’imaginaire tout en s’ancrant dans le familier. Projet réalisé en association avec Christina Schmid.
Stuttgart, 2019
Identité visuelle, affiches, marquage au sol, flyers et journal de quartier
Affiches : 594 × 841 mm
Flyers : 148 × 105 mm
Journal : 484 × 327 mm
Typographie : GT Sectra
Impression numérique et offset
Hong Kong : une poignée de gratte-ciels pris entre montagne, mer, et jungle. Une série de photographies et deux courts textes jouent à cache-cache avec les arbres tropicaux et les colosses de béton, tandis que la mise en page s’introduit peu à peu dans ce décor unique. L’édition est formée de sept posters pliés en quatre, reliés par un élastique : le lecteur peut l’ôter pour déplier les affiches, réarranger les feuillets, ou simplement regarder entre les pages.
Photographies : Hong Kong, avril 2017 / Édition : Strasbourg, octobre 2017
24 pages / 7 posters et un élastique vert
Format plié : 13 × 20,5 cm / Posters : 26 × 41 cm
Papier : Fedrigoni Oikos 115 g/m2
Typographie : Vremena Grotesk
Photographies numériques, impression laser
18 exemplaires numérotés
Lors d’un tournoi de printemps, j’ai pu suivre les joueuses de l’équipe de rugby des Cheminotes de Strasbourg dans l’un de mes passe-temps favoris : observer et tenter de saisir les attitudes des corps en mouvement. La préparation au club-house, le décor intime et rapproché du vestiaire, puis le cadre immense du terrain qui excède les corps autant qu’il les souligne, arrière-plan dénué, studio en plein air.
Strasbourg, 2017
Photographie numérique
Couverture du livre Baldamus ou le diable aux trousses d’Oskar Wöhrlé, publié pour la première fois en français par les éditions La Nuée Bleue. Un récit autobiographique fait de vagabondage et d’exil dans l’Europe du début du XXe siècle.
Sous des nuages lourds et menaçants, le personnage gravé par Steinlen pourrait bien être un Baldamus, poète et chenapan à la plume cinglante traversant tant bien que mal des temps et des pays agités. La fraktur du titrage et la linéale du texte se rencontrent comme en passant d’une Europe à une autre, tandis que le vert « forêt noire », couleur de l’aventure, du hasard et des mauvaises réputations, évoque aussi ces régions transfrontalières où naissent des trajectoires peu communes. Le bandeau amovible permet de ne garder de la couverture que l’image. Le texte de la quatrième se déroule verticalement, comme un écho de la fuite en avant du héros à travers les intempéries, réelles et figurées.
Strasbourg, mars 2017
Couverture souple et bandeau
14 × 19 cm
Papiers : Fedrigoni Old Mill Bianco 250 g/m2, Freelife Cento Extra White 100 g/m2
Typographies : San Marco, Bliss
Impression offset
Dessin : Chemineau sous un ciel d’orage, eau forte de Théophile Alexandre Steinlen, 1914, BNF.
Affiche annonçant une rencontre à la Haute école des arts du Rhin sur la question de l’accueil des réfugiés en Allemagne.
Strasbourg, janvier 2017
21 × 29,7 cm
Typographie : Libertinage c
Dessin, impression laser
Deux petits livres sur le quartier de la Krutenau à Strasbourg : le premier recense ses rues, le second les feuilles de ses arbres. Les Rues ont été dessinées d’après un plan de la ville, transposées au 5000e, puis classées selon leur longueur et légendées du nombre de leurs arbres. Un index par pages et un index alphabétique permettent de retrouver leurs noms français et alsaciens. Les Feuilles ont été récoltées durant trois jours de marche, pressées dans des encyclopédies, numérisées, puis ordonnées selon le jour et l’heure de leur ramassage. L’index indique le lieu dont elles proviennent. Une archive de l’automne 2016, avec Christina Schmid.
Strasbourg, décembre 2016
Une boîte et deux livres de 100 & 132 pages
4,5 × 6 cm
Reliure cousue
Couverture souple et jaquette
Papier : Canson Croquis 90 g
Typographie : ITC Garamond
Imprimé à la Haute école des arts du Rhin
8 exemplaires numérotés
Photographies des livres : Christina Schmid
Prague, Autriche-Hongrie, 1904. Mon arrière-arrière-grand-mère Kamilla Neumannová fonde sa maison d’édition et lance une collection bon marché de grande littérature traduite à destination de la classe ouvrière : Knihy dobrých autorů, Les Livres des bons auteurs. Dans la villa de Žižkov, berceau de l’anarchisme tchèque, la métamorphose du livre en objet d’art rejoint la lutte pour l’indépendance ; traducteurs, illustrateurs et typographes œuvrent ensemble à l’édition de ces livres d’exception.
J’ai redécouvert l’histoire de Kamilla et de sa maison d’édition, fondée à son divorce et occultée par les nombreux récits politiques et artistiques masculins de la famille. Frappée par l’identité de cette collection, à la fois graphique, littéraire et historique, j’ai voulu sauver ces livres de l’oubli par un ouvrage racontant leur histoire, indissociable de celle de Kamilla, femme indépendante et avant-gardiste luttant pour défendre ses convictions à travers les premières décennies du vingtième siècle. Plus de cent cinquante titres furent publiés en vingt-six difficiles années d’existence.
J’ai choisi de faire un « beau livre » au format généreux, dont les variations fines de papiers et de mise en page mettent en valeur les objets reproduits. Les couleurs des papiers font écho à celles des livres de la collection. La lecture, bilingue, est lente et immersive : c’est un livre qu’il faut poser et prendre le temps de lire. Les deux langues (français et tchèque) sont séparées afin de préserver une forme de calme mental et visuel. De même un second niveau d’information, documentaire, accompagne sans l’interrompre le texte principal écrit par Kamilla. La narration linéaire mais modulée nous fait d’abord prendre connaissance avec les livres, atteint peu à peu le cœur de l’histoire, puis s’en distancie progressivement pour adopter un regard plus contemporain. Un corpus de documents d’époque étaye le récit.
Haute école des arts du Rhin, projet de diplôme, Strasbourg, juin 2016
Un livre et un marque-page, 226 pages
Format fermé : 28 × 40 cm
Couverture souple, jaquette américaine
Papiers : Oikos Extra White 115 g/m2, Arcoprint Milk 120 g/m2, Cyclus recyclé 80 g/m2, Flanelle Nuage, Thé vert et Abricot 116 g/m2, Materica Pitch 250 g/m2, Cyclus Print 115 g/m2
Typographies : Linux Libertine, Linux Biolinum
Impression laser, sérigraphie
2 prototypes
Mémoire de fin d’études sous la direction de Cyrille Bret.
Des accumulations ordinaires de l’art conceptuel à la théorie aristotélicienne des lieux, exploration sur les traces d’une conception antique au sein de laquelle esthétique et raison sont presque équivalentes : non de même importance, mais de même effet, de même efficacité. Une logique des listes, à la fois simple et toute-puissante.
Prix du meilleur mémoire de la Haute école des arts du Rhin, sélectionné dans Lectures de mémoires #2. 2015 — 2016 Crossover (Rhinocéros, 2017). Publié par la Haute école des arts du Rhin. Contactez-moi pour recevoir un exemplaire — gratuit + frais de port.
Strasbourg, janvier 2016
Un livre et un encart jeté, 280 pages
13 × 19,5 cm
Papiers : Munken Print White 18 90 g/m2, 15 80 g/m2 et 15 300 g/m2
Typographies : Georgia, Vremena
Impression numérique, noir & blanc
150 exemplaires
« Les idées archétypes de Platon : les formes éternelles, immuables, des choses » (Dictionnaire du Robert)
Aux prises avec un monde de formes et de couleurs, de motifs qui marquent mes cahiers, mes habits, mes objets, mes meubles, choisis de façon instinctive, obsessionnelle, arbitraire, sans hésitation et avec une intransigeance que j’aurais du mal à expliquer, il ne me reste qu’à en faire l’analyse et dépouiller, fouiller, dépecer l’objet, aller jusqu’à l’os. Pour mettre à nu un squelette, une carcasse, une nature essentielle. Du réel à la photographie, de la photographie à l’empreinte graphique, le motif se débarrasse de l’objet et la forme émerge, brute.
Strasbourg, mai 2015
18 pages, 1 encart, jaquette américaine
8,5 × 12 cm
Papiers : Clairefontaine dessin à grain 180 g/m2, Canson croquis 90 g/m2
Photographie numérique, impression jet d’encre
Éléments de paysage d’après la nouvelle de Julio Cortázar.
De plan fixe en plan fixe le film suit la structure du récit mais à travers les seules indications de paysage, et fabrique ainsi un second fil narratif. À chaque proposition littéraire peuvent correspondre de multiples représentations, tant dans l’imaginaire du lecteur que dans la réalité. Déroutante, l’histoire qui s’écrit sans personnages n’est cependant pas absurde.
« 1. en retournant à sa propriété,
2. une question de métayage,
3. le parc planté de chênes.
4. le souffle du crépuscule semblait danser sous les chênes.
5. la cabane parmi la broussaille
6. les épines d’une branche.
7. un monde de feuilles sèches et de sentiers furtifs.
8. Il commençait à faire nuit.
9. le sentier qui allait vers le nord.
10. le sentier opposé,
11. les arbres et les haies.
12. la brume mauve du crépuscule
13. l’allée qui conduisait à la maison. »
Frémissement furtif des feuilles, silence de la neige, voie rapide dans le lointain et conversations d’oiseaux entourent la voix du narrateur déroulant son fil implacable. Dans l’attente grandissante de cette voix entre les séquences, on renoue presque sans le vouloir avec le suspens de la nouvelle de Cortázar.
Strasbourg : parc de l’Orangerie, parc du Pourtalès et jardin botanique, janvier 2015
8′56″, 16:9
Vidéo, son
Conception des brochures de mécénat du Witte de With Center for Contemporary Art à Rotterdam : trois formules permettent de soutenir les activités de l’institution et de bénéficier en retour d’un certain nombre de privilèges (rencontres avec les artistes, les commissaires d’expositions, entrées pour différentes manifestations artistiques…) Entre jeu d’objet, (typo)graphique et sémantique, dans la version finale huit verbes font entrevoir un univers des possibles lié au partage artistique. Déclinaison finale et recherches.
Travail réalisé en stage chez Kristin Metho.
Rotterdam, septembre 2014
Trois brochures assorties, deux plis roulés
Format plié : 11 × 15,7 cm
Typographie : Neutraface
Impression offset en tons directs
Plaquettes d’enchères, badges et certificats d’expérience pour le Benefit Evening 2014, vente d’œuvres organisée par les centres d’art contemporain Witte de With et De Appel. Les six certificats ont été remis aux acquéreurs d’œuvres ne pouvant être transmises sous forme d’objets : performances, œuvres conceptuelles, œuvres éphémères. Jeu de flots et de hublots à partir du design initial de Kristin Metho évoquant le SS Rotterdam, ancien paquebot de la Holland America Line et lieu de la soirée. Déclinaison finale et recherches.
Travail réalisé en stage chez Kristin Metho.
Benefitavond 2014
Rotterdam, septembre 2014
Badges : 7,5 × 4 cm
Certificats d’expérience : 21 × 29,7 cm
Plaquettes : 14,8 × 21 cm
Typographies : Larish Neue, Aperçu
Impression numérique
Horoscopes, faits divers et anecdotes du 31 janvier : une traversée verticale dans le temps. Expérience menée en temps réel le 31 janvier 2014 sur le blog de l’atelier de Communication graphique, d’après le contenu du site Éphéméride et almanach du jour.
Strasbourg, janvier 2014
5 feuilles volantes
29,7 × 42 cm
Marker noir sur papier machine
J’aime observer de loin les stations de ski, mini-villes fictives kitsch dans le paysage démesuré, et les attitudes gauches des skieurs aux couleurs fluos. Chaque clic sur les photographies fait apparaître ou disparaître les personnages et déclenche ou éteint le vacarme de la station.
De la fumée d’une cheminée à celle d’une cigarette, de la pluie qui gonfle dans les caniveaux à l’eau chaude qu’on verse d’une bouilloire, du vent dans les arbres à la neige qui voltige sans but, l’hiver semble réveiller des mouvements impalpables, fluides, continus. Ils s’animent début novembre et s’endorment peu à peu fin mars. Ils partagent la même nature insaisissable et changeante, ils sont à la fois toujours semblables et toujours autres.
Strasbourg, janvier 2014
45″, 4:3
Animation image par image
Je n’avais jamais vu de cérémonie militaire, ni de petit village alsacien. J’essayais d’imaginer les discours et les trompettes, les uniformes et les drapeaux, les médailles et le faste, dans un coin perdu au milieu de nulle part. Je m’attendais à ce qu’il se dégage de cette rencontre entre solennité et dénuement quelque chose d’un peu gauche. Sur place j’ai cherché cette maladresse, d’une part dans les signes isolés de la commémoration, perdus dans le décor, d’autre part dans l’affairement des militaires et le va-et-vient des spectateurs, occupant tout à coup ce lieu que j’imagine pourtant être si souvent désert. Dans le brouillard, une chorégraphie guindée, un peu absurde, touchante malgré tout.
Cérémonie de commémoration de l’Armistice du 11 novembre 1918. Photographies publiées dans l’ouvrage collectif 11⁄11 (HEAR/La Nuée Bleue, 2019).
Vieil-Armand (Hartmannswillerkopf), 11 novembre 2013
Photographie numérique
Été 2012, stage à Berlin avec le collectif Monobloque : coïncidence de lieux, de domaines, de langues. Le récit de cette expérience se déroule sur vingt strates de papier calque superposées, dont les interactions évoquent la richesse des rencontres. Les gabarits des textes et des images changent et s’échangent. Seuls les folios et les légendes se maintiennent sagement à gauche, comme un fil conducteur en guise de reliure.
Paris, 2012
20 feuilles de calque mobiles
42 × 29,7 cm
Typographie : American Typewriter
Impression laser
Conception et réalisation de Grundton, livre du photographe Falk Weiß.
Pendant deux ans, Falk sillonne de ligne en ligne le métro berlinois, à raison d’une ligne par nuit. Il dresse patiemment l’inventaire photographique des atmosphères colorées souterraines, éclairage au néon sur carreaux de toute nature, avant que la BVG (Berliner Verkehrsbetriebe, compagnie des transports de Berlin) ne les arrache pour les remplacer par des plaques métalliques. Quelque mille cinq cents photographies scannées depuis leurs planches-contacts, nommées selon les lieu, date et station de chaque prise de vue, parsemées d’indices sur les intentions du photographe — schmutzig weiß (blanc sali), kalt aber hell (froid mais lumineux) — et en attente d’une forme finie pour une entreprise difficile à achever.
La plupart des images offrent un regard frontal, extrayant du paysage des stations des morceaux de murs, des étendues de couleur, des textures, des rythmes. Quelques unes se distinguent par la perspective insolite d’un tunnel, un couloir désarticulé, des personnages fuyants : autant d’axes de lecture pour s’aventurer dans la profondeur de la collection. Le livre est un voyage prosaïque et sensible dans les tons et cadences du U-Bahn berlinois. Le format à l’italienne, petit et facile à manier, répond à l’horizontalité de la traversée. Les photographies s’enchaînent dans un continuum coloré, résonant les unes avec les autres. Des images-charnières jouent le rôle de passages, de transitions entre les différentes séquences, ouvrant soudain le regard qu’arrêtait jusque là l’écran des murs carrelés. À travers trois dispositions différentes des photographies, la mise en page nous fait tour à tour progresser dans le voyage ou nous perdre dans l’inertie frémissante des surfaces. La typographie Bloque, dessinée par Dorothée Billard et Clemens Helmke, inscrit le projet dans le cocon du collectif Monobloque. Un sommaire visuel et un index final se font écho. La couverture sérigraphiée fait vibrer dans un jeu coloré mille huit cent quarante-six carreaux redessinés d’après l’une des photographies.
Projet réalisé en stage avec Dorothée Billard chez Monobloque.
Berlin, 2012
176 pages
18 × 12 cm
Dos cousu
Typographie : Bloque
Impression numérique, sérigraphie
50 exemplaires numérotés (25 couvertures bleues, 25 couvertures rouges)
Falk Weiß 2012
Peut-on porter deux fois le même regard sur un espace ? Seize millions sept cent soixante-dix-sept mille quinze combinaisons possibles entre six tabourets, six chevalets, six planches et six branches d’arbre esquissent la trace fugitive d’une salle de dessin.
Paris, 2012
65 × 55 cm
Crayon de couleur sur papier de soie
Nuit (la), nom féminin : flou débordant, immense manteau de jais ou d’encre dont les lumières de la ville, créant par endroits des déchirures, entament la noirceur.
Comment dessine-t-on la ville de nuit ? Travail sur la limite entre le signe et l’abstraction.
Paris, mai 2012
20 folios non reliés
Format : 16 × 25 cm
Papier : Ingres d’Arches, emballage de papier de soie.
Impression laser
Carte postale réalisée à l’occasion des Estiennales, manifestation annuelle de l’École Estienne proposant conférences, débats et échanges autour d’un thème nouveau chaque année : en 2011, celui de la nourriture. La photographie quasi-scientifique d’un grain de raisin prête une nouvelle dimension à un aliment pourtant familier.
Paris, octobre 2011
Photographie numérique, impression offset
© 2011–2023 Clara Neumann